Si la présence romaine y semble déjà effective dès la fin du 3e s. av. J.C. Aleria et son territoire connaitront trois colonisations successives, attribuées à Sylla vers-81 à César en -46 et à Octave aux alentours de -32. La ville romaine d’Aleria mentionnée pour la première fois par Prosper Mérimée (1803-1870),il décrit la ville antique d’Aleria après son voyage d’inspection en Corse de 1839. Il mentionne notamment l’arc occidental et les arases de l’édifice rectangulaire qui jouxtent cet arc.
Délimitée par un rempart encore visible au sud-est et par la forte déclivité naturelle à l’ouest et au nord, la surface de la ville est de 11ha environ. Les portes, dont les traces ont été révélées par l’archéologie, la morphologie du terrain ou la toponymie, ont été aménagées au sud, à l’ouest et au nord-est, dans le rempart qui entourait la cité. La ville évoluera jusqu’à l’antiquité tardive et connaitra de nombreuses modifications et reprises visibles sur les bâtiments ou sur l’organisation générale des axes de circulation internes à la cité.
L’antiquité tardive
D’un point de vue archéologique, la ville semble connaître un déclin progressif à partir du IVe siècle de notre ère, sans qu’apparemment le site ne soit totalement abandonné. A la fin du VIe siècle, une lettre du pape Grégoire le Grand, confirme la présence d’un évêché à Aleria.
Une « ville carrière »
A la période d’abandon de la ville succède une phase d’exploitation des ruines qui semble remonter au XIVe siècle, sous l’autorité de la république de Gènes. Il s’agit en particulier du recyclage d’éléments architecturaux calcaires transformés en chaux ou remployés tels quels en maçonnerie que l’on retrouve notamment dans les maisons alentours et au-delà. Les traces de cette exploitation sont visibles partout sur le site, notamment sur les piliers nord et sud de l’arc occidental, où l’on observe en négatif les empreintes des blocs qui ont servi à son édification. Ce constat pourrait expliquer en partie la relative rareté de la roche calcaire sur le site, ou seuls quelques fragments d’inscriptions, de marbres ornementaux ou de statues ont été découverts. La fabrication de chaux tout comme la récupération de roches à bâtir semblent avoir perduré jusqu’au XIXe siècle.
Une découverte inattendue. En juin dernier, des fouilles archéologiques préventives ont permis de mettre à jour une nécropole romaine et étrusque à Aleria.
Le vestige antique, d’une surface d’un hectare, est bordé par un ensemble de voies de circulation. Les archéologues ont également découvert de nombreux squelettes et plus de 200 objets qui témoignent « de l’usage de cette nécropole pendant plusieurs siècles […] allant du IIIe avant notre ère jusqu’au IIIe siècle de notre ère », indique un communiqué de presse de la préfecture de Corse. Dans cette zone a également été mis à jour un hypogée, une tombe creusée en sous-sol. « Ce type de construction est réalisé à l’attention de personnes de haut rang […] et pourrait dater des Ve-IVe siècles avant notre ère », précise le communiqué. Une découverte, la première depuis une quarantaine d’années, jugée d’une importance « exceptionnelle à l’échelle de la Méditerranée occidentale ».
À ce jour, Aleria constitue un site de référence pour l’histoire ancienne de la Corse. Dans les années 1960 une ville romaine autour d’un forum et d’un amphithéâtre a été mis en évidence.
Fort de Matra, Hameau du Fort, Aleria, 04 95 57 00 92, facebook.com/Aleria.archeo